13 octobre 2012

J’ai parfois un trop de mémoire.


6mots :
J’ai parfois un trop de mémoire.

60 mots :
Moi, c’est pas un trou de mémoire qui me ronge par en-dedans. C’est pas l’oubli qui hante mon esprit. Moi, c’est un trop de mémoire qui me dévore. Je me rappelle de tout, tout, tout. Pas capable d’oublier quoi, qui, quand, quel que ce soit. C’est toute la mémoire du monde que je traîne dans mes neurones, toujours, sans cesse…




© Louis Rondeau

11 octobre 2012

L’ombre d’un doute m’éclaircit les idées.


6mots :
L’ombre d’un doute m’éclaircit les idées.

60 mots :
Un jour, il me dit : « Il faut douter de tout. » Je le prends pour un fou. Je réplique : « Pourquoi douter quand tout est certain, tout est décidé d’avance pour nous? Le destin, y a que ça, mon vieux. » Mais voilà, l’instant de la grande illumination est survenu. Soudain, toutes mes idées se sont éclaircies, l’ombre d’un doute m’a enfin sauvé.



© Louis Rondeau

Je suis en déroute vers toi.

6 mots :
Je suis en déroute vers toi.

60 mots :
Minuit trente-sept la route est longue j’ai peine à tenir le volant je me dirige vers toi mais tout est en déroute dans ma vie dans ma tête j’ai tout abandonné pour toi même ma propre vie fraction de seconde yeux fermés puis l’impact l’animal ébloui par mes phares n’a pas daigné s’enlever de la route... tout est fini... tout...



© Louis Rondeau

21 septembre 2012

Oh! qu'il est joli, ton bébé!


6mots :
Oh! qu'il est joli, ton bébé!

60 mots :
« Oh! qu'il est joli, ton bébé! » Merde qu’il était laid le petit con, mais je ne pouvais tout de même pas le dire devant sa mère, ma cousine, qui insistait pour me nommer parrain du petit crapaud. J’avais beau lui dire que je me foutais de tous ces rituels, rien à faire... J’étais condamné à exercer mon influence sur lui.


© Louis Rondeau

20 septembre 2012

Énervée, elle rêve d’un prince calmant.


6mots :
Énervée, elle rêve d’un prince calmant.

60 mots :
Elle ne tient plus en place, elle l’attend avec impatience, son « prince charmant ». Sur le site de rencontre, il a l’air du candidat idéal et pourtant, un doute s’installe... Et si ce n’était pas lui? Elle commande un autre café, le cinquième, le sixième? « Tellement énervée, je devrais plutôt rêver d’un prince calmant... » Son jeu de mot la fait rire...


© Louis Rondeau

J’écoute les gens qui parlent peu.


6mots :
J’écoute les gens qui parlent peu.

60 mots :
« Faut te tirer les vers du nez, toi, » me lance souvent ma dulcinée. À mes yeux, c’est le plus beau des compliments qu’elle puisse me faire. D’ailleurs, de mon côté, j’ai remarqué qu’au fil des ans, ce sont ces gens-là, les taciturnes, que j’écoute le plus attentivement et avec le plus d’intérêt. Ils parlent peu, certes, mais en disent long.


© Louis Rondeau

19 septembre 2012

J'ai parfois vaguement l'impression de vivre.


6mots :
J'ai parfois vaguement l'impression de vivre.

60 mots :
Je m’étends sur le lit. J’attends. J’inspire, j’expire... L’air ne semble ni entrer, ni sortir de mon corps. Ce n’est pas un rêve, mais ce n’est pas non plus la réalité. J’ai parfois vaguement l’impression de vivre, comme si mon corps n’était qu’un objet animé par une force plus faible que la plus faible des forces... Puis, je revis intensément.


© Louis Rondeau

18 septembre 2012

Chut! Elle chante peut-être pour toi.


6mots :
Chut! Elle chante peut-être pour toi.

60 mots :
(Cette voix...) Je la regarde, devant moi, sur scène. (Jamais entendu pareille voix...) Elle m’interpelle du plus profond de mon être. (Une langue inconnue...) Il me semble pourtant la saisir parfaitement... (Mais...) Ce n’est pas pour moi qu’elle chante... (Toi...) Tu parles sans cesse, tu ne l’écoutes pas. (Et pourtant...) C’est toi qu’elle regarde. (Chut...) Elle chante peut-être pour toi.


© Louis Rondeau

Elle écoute du Kiss, puis m’embrasse.


6mots :
Elle écoute du Kiss, puis m’embrasse.


60 mots :
Brigitte, c'est ma rockeuse à moi; les dimanches, elle se prend pour Joan Jett et chante I Love Rock’N’Roll à tue-tête devant son miroir, en tenant sa brosse à cheveux en guise de micro. Mais le grand amour de sa vie, c’est Paul Stanley du groupe Kiss. Je soupçonne que c’est à lui qu’elle pense quand elle m’embrasse si passionnément...


© Louis Rondeau

17 septembre 2012

À chaque yourte suffit sa plaine...

6 mots :
À chaque yourte suffit sa plaine...

60 mots :
Une yourte vide dans une plaine avide de la Mongolie... Il a suffi d’un seul jour pour que la vie de Sukhbataar bascule à tout jamais. Odval n’est pas revenue de la ville et il n’a pas su quoi dire aux jumeaux, Alagh et Sükh. Le retour à la terre si rêvé a échoué; c’est la fin de tout espoir...


© Louis Rondeau

16 septembre 2012

J’avais fait une chute à Niagara

6mots :
J’avais fait une chute à Niagara.    

60 mots :
Nous venions de nous marier. Évidemment, à cette époque, un voyage de noces à Niagara, c'était de rigueur. Ça ne me disait rien, mais Elsa insistait; c'était un rêve d'enfance. Dieu que j’aurais dû insister pour ne pas y aller. La chute n’avait pas été fatale, non... Mais Elsa, elle, était tombée amoureuse de l’infirmier qui m’avait sauvé la vie...


© Louis Rondeau

15 septembre 2012

On botoxe la beauté du monde.

6mots :
On botoxe la beauté du monde.

60 mots :
Je l'aime, ce monde, du moins, je l'aimais, avant… Quand il était ce qu'il était, pas plus. Mais là, ça fera. Tout est faux, même le beau. Même la simple beauté se fait botoxer, parce qu'elle est malade d'elle-même, elle se trouve encore trop laide. On ne voit plus les choses telles qu’elles sont. C’est la victoire de la laideur…


© Louis Rondeau

25 juin 2012

Elle était rayonnante; il était pluvieux.


6mots :
Elle était rayonnante; il était pluvieux.

60 mots :
Elle était tout pour lui : sa Lune, son Soleil, son astre éternel. Elle était rayonnante et tout ce qui l’entourait brillait en sa présence. L’écart d’âge presque indécent (selon certains...) qui les séparait était sujet de nombre de discussions parmi leurs amis. Elle préférait en rire et dire à ses copines qu’il était son gros nuâge pluvieux, à elle...


© Louis Rondeau

Toute une histoire dans tes silences...

6 mots :
Toute une histoire dans tes silences...

60 mots :
Tu croyais m'avoir tout dit, et pourtant, dans tes silences, il y avait toute une histoire. Tes mots trahissaient tes vrais désirs, tu te croyais à l’abri de ta propre volonté, mais tes non-dits me disaient tout ce que j’avais besoin d’entendre. C’était pourquoi je t’avais tant aimée, c’est pourquoi je t’aimerais toujours. Même après cette mort que tu revendiquais...


© Louis Rondeau

22 juin 2012

Oublie la religion, mais relis Giono.


6mots :
Oublie la religion, mais relis Giono.

60 mots :
Il ne croyait en rien, le vieux con. Sauf en Giono. Un jour, il m’avait dit : « Moi, mon vieux, j’oublie la religion, je l’ai abandonnée depuis longtemps. Ma spiritualité, je l’ai quand je relis Giono. Religion... Relis Giono... Tiens, quel joli jeu de mots! » Il s’était mis à rire en me refilant son exemplaire de Que ma joie demeure...


© Louis Rondeau

21 juin 2012

Suicide gastronomique : cervelle sautée au beurre.


6mots : 
Suicide gastronomique : cervelle sautée au beurre.

60 mots :

Il avait tout préparé dans sa tête depuis de nombreuses années. Un suicide gastronomique, qu’il appellerait cela... Quelle ironie! C’était cette tête même qui pensait à toute l’horreur qui allait se déferler sur celle-ci. Voilà. Il en avait assez : les mauvais restaurants, les plats dégueulasses, tout était faux, tout était fou. Son dernier plat : cervelle sautée au beurre.


© Louis Rondeau

Elle était une vraie légende, Urbaine.


6mots : 
Elle était une vraie légende, Urbaine.

60 mots :
Oui, Urbaine, c’était une vraie légende. Tous les gars l’aimaient, la désiraient, et peut-être même aussi quelques filles...  D’abord ce prénom : si rare, si vieux, mais si moderne aussi. Urbaine, on l’aimait, nous les petit gars de la campagne. Elle, elle s’amusait, elle riait, elle se penchait et on voyait poindre la naissance de ses seins... et on rêvait.


© Louis Rondeau

Mon train de vie s'est déraillé...


6mots : 
Mon train de vie s'est déraillé...

60 mots :
J’avais déjà connu ça, le succès, moi. Moi, le gars qui avait tout : la femme, les enfants, les autos, les maisons, tout ça, je l’avais. J’avais cru dur comme fer que c’était mon but dans la vie, d’atteindre le nirvana de l’existence de l’immonde moderne. Mais voilà, le chemin de fer n’existe plus... Mon train de vie s’est déraillé.


© Louis Rondeau